Si vous êtes de passage à Siem Reap, point de départ notamment pour les visites des célèbres temples d’Angkor, vous souhaiterez sans doute, vous rendre sur le plus grand lac d’Asie du Sud Est, le Tonlé Sap.

 

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« Dommage de rater ça »

Lors de notre séjour à Siem Reap (nord ouest du Cambodge) j’ai réalisé que ce lac était à seulement une vingtaine de km de notre guesthouse. Mon souhait était de me rendre sur la rive du lac, de m’y promener au hasard d’un village pour y trouver un bateau qui accepterait de nous faire découvrir le village flottant et ses environs. Tout avait pourtant bien commencé ; la veille nous avions fait la connaissance d’un conducteur de charrette, qui avait accepté de nous y conduire et de nous ramener en fin de journée. Le trajet menant aux abords du lac fut assez agréable, une route à travers champs où il est possible d’admirer de magnifiques étendues de nénuphars. Pas facile toutefois de prendre des clichés nets, la route étant criblée de nids de poule !

 

Notre chauffeur nous a déposé sur un grand parking au milieu de nulle part et à ma grande surprise pas l’ombre d’un village, ni même la moindre étendue d’eau. Bizarre… Toutefois à la vue du nombre de touristes, impossible de se tromper l’unique bâtiment sans charme était donc le point de départ de la visite. J’ai bien essayé de faire comprendre à notre chauffeur mon souhait de me rendre dans un village, mais il a expliqué que c’était l’unique accès des environs, quand bien même j’aurais trouvé un bateau, le propriétaire refuserait, les excursions sur le lac étant gérées par un organisme d’Etat. Après un temps d’hésitation, nous nous sommes résignés à prendre nos tickets, constatant le prix assez élevé de 20$ par personne. Les précieux tickets en main, il ne fallut pas bien longtemps avant de se faire accoster par un guide, sans lui pas d’excursion possible. En chemin, vous serez certainement pris en photo par surprise. Pourquoi ? Vous le découvrirez à la fin de cet article.

 

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Une fois à bord

Nous voici enfin à bord et bonne surprise il n’y a pas d’autres touristes, simplement le capitaine, le guide et nous. Mais toujours cette interrogation… où est le lac ? Situation plutôt cocasse lorsque l’on connait son immensité ! Thivuth notre guide nous a alors expliqué qu’il se trouvait à une dizaine de minutes au bout de ce canal d’accès. Cela a été l’occasion de faire connaissance et de nous exposer le programme de la visite. A 23 ans, père deux enfants, il est né et a grandi sur le lac. Dans un anglais quasi impeccable, il nous explique qu’il aurait pu être pêcheur comme son père et son grand-père mais en raison d’un manque croissant de poissons du à une surpêche qui plus est dans une eau polluée, il est parti étudier et travailler en ville. Pointant du doigt le village sur la rive,  il explique que ce dernier est aujourd’hui presque désert, les habitants sont partis trouver du travail ailleurs, laissant les lieux habités par les vieillards et une multitude d’enfants. C’est donc dans un climat particulier que la visite a commencé. Enfin, j’ai pu observer l’horizon sur le lac Tonlé Sap. Au loin, le village apparut comme par enchantement, flottant et se reflétant sur l’eau.

 

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Le moteur ralenti, Thivuth nous a souligné la présence de deux écoles, une catholique et une bouddhiste, accueillant chacune environ 350 élèves. Il explique que ces dernières refusent les dons d’argent mais que si nous le souhaitons, il est possible d’acheter un sac de riz et de l’offrir à l’école de notre choix. Nous ne sommes pas contre l’idée, direction pour un stop à la coopérative. Une fois débarqués, nous apprenons que le plus petit sac de riz est celui de 30 kg. A 1$ le kg le calcul est vite fait, mais nous sommes en route pour l’école et il s’agit de nourriture… je donne donc 30$. Une fois arrivés à l’école bouddhiste, Lija mon ami prend le sac pour le déposer près d’une table, des enfants courent un peu partout, nous disons bonjour à l’assemblée, puis coup d’œil vers le sac… qui a subitement disparu.  Surement la cuisinière… Nous commençons la visite de cette école singulière reposant sur des barges, avec parfois des planches qui font office de pont pour passer de l’une à l’autre. Il y avait quatre ou cinq salles de classe, les enfants jouaient pour la plupart à la corde à sauter ou aux billes. A priori nous sommes arrivés au moment de la récré… La visite de l’école aura duré environ 15 min.

 

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Dans une atmosphère détendue et bonne enfant nous avons pris la direction de la ferme d’élevage d’alligators. Strictement aucun intérêt, vous y voyez quelques spécimens baignant dans une eau pleine de vase et une boutique avec des bibelots affreux. Le seul point positif fut la présence d’une terrasse sur le toit pour observer les alentours. On pouvait distinguer au loin la présence d’un ensemble de maisons sur pilotis surplombant une eau plus qu’opaque. Je me suis permis de demander à Thivuth s’il était possible d’en faire le tour, mais ce dernier s’est excusé en évoquant un niveau d’eau insuffisant et le manque de temps. J’ai failli tomber par dessus bord en réalisant que la sortie était déjà terminée… seulement 1h30 ! Sur le chemin du retour, le capitaine a passé les commandes à Lija qui s’en est sorti comme un chef ! Une fois de retour sur la terre ferme, nous n’avons pas échappé au classique « tip » (pourboire) à l’égard de nos guides, qui étaient loin d’être désagréables et surtout méritants. Au cours de la balade, j’ai appris que pour ce travail de guide, Thivuth touchait environ 150$ par mois avec seulement 3 jours de repos ; son collègue capitaine presque trois fois moins.

 

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« Welcome to Scambodia »

Mon impression sur le Tonlé Sap reste mitigée. Ce jour là, l’expression « Scambodia » a prit tout son sens, « scamb » signifiant « arnaque » en anglais. J’ai en mémoire le sourire et de la bonne humeur de nos guides, mais surtout une profonde déception. L’impression de se retrouver au pied du mur et de ne pas avoir le choix que de cautionner ce qui pour moi est un attrape-touristes. Le gouvernement ne vous montre uniquement que ce qu’il veut, les guides se doivent de respecter un timing ainsi qu’un itinéraire bien défini. Pas question de vous montrer le village en lui-même, si ce jour là il n’y avait pas assez d’eau peut être que la prochaine fois il y en aura trop…

 

C’est également extrêmement frustrant d’imaginer le sac de riz acheté soit disant pour nourrir les enfants, repartir illico presto à la coopérative afin d’être à nouveau acheté par un autre touriste… A un tel point que l’on fini même par se demander si les enfants sont vraiment ici pour apprendre ou s’ils sont juste les instruments d’un scénario bien rodé, d’un système malhonnête qui a pour seul but de vous soutirer de l’argent. Comme si vous n’aviez pas encore assez dépensé (40$ de tickets + 30$ de riz sans oublier les 15$ de taxi), la visite se termine dans ce magasin d’affreux souvenirs. Sans oublier la cerise sur le gâteau ! Au moment de partir des vendeurs s’empresseront de vous proposer votre photo prise en mode paparazzi avant l’embarquement, imprimée… sur une assiette à l’image des célèbres temples d’Angkor Wat et Angkor Thom ! Nous n’avons pas pu nous empêcher d’éclater de rire, de prendre une photo et de créer le hashtag #souvenirleplusridiculedetouslestemps !

 

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Pour terminer, quelques conseils

  • Négociez une charrette (taxi) pour la journée (environ 10/15$ pour deux personnes) ou louez une moto et essayez de trouver un autre point d’accès sur le lac
  • Prévoyez bien évidemment de l’eau et de  l’argent en petites coupures si possible (tip tip tip)
  • Quant au sac de riz c’est à vous de voir…

Laura L'Exploratrice
Je m’appelle Laura, passionnée par le voyage et les rencontres, j’ai créé Laura l’Exploratrice afin de faire connaître au plus grand nombre le tourisme de demain. Récemment diplômée d’un MBA en Communication et Stratégie digitale, ce blog a été l’opportunité de mener un projet personnel de A à Z. Après 3 mois à parcourir l’Asie du Sud Est, me voilà riche de découvertes et de souvenirs que je souhaite partager avec vous.

Je m’appelle Laura, passionnée par le voyage et les rencontres, j’ai créé Laura l’Exploratrice afin de faire connaître au plus grand nombre le tourisme de demain. Récemment diplômée d’un MBA en Communication et Stratégie digitale, ce blog a été l’opportunité de mener un projet personnel de A à Z. Après 3 mois à parcourir l’Asie du Sud Est, me voilà riche de découvertes et de souvenirs que je souhaite partager avec vous.

Laura L'Exploratrice

Un commentaire

  • Répondre
    rico
    5 mars 2016

    Bonjour Laura.
    Effectivement très grosse arnaque (une de plus au Cambodge)
    Oui les sacs de riz reviennent au point de départ pour le prochain touriste crédule qui l’achètera …
    En fait, il ne faut pas trouver un autre départ pour aller sur les village flottant il fallait simplement trouver d’autres personnes pour t’y amener.
    J’y est passé une nuit dans une maison flottante et ça reste un très beau souvenir de mon escapade dans ce pays où je vis depuis 3 ans.
    Il existe beaucoup de passionnés Français qui font de leurs mieux pour montrer un autre Cambodge, sur Siem Reap et ailleurs aussi. Je parle de Français mais il y a aussi d’autres intervenants d’autres nationalités.
    Moi même suis en train de développer un nouveau « spot » complètement ignoré du tourisme de masse (et c’est tant mieux ) à Kampong Thom , juste des personnes qui veulent voire le vrai Cambodge authentique qui existe encore ( combien de temps ? )
    Accès du Tonle Sap mais pas le « bas » qui est complètement sauvage, visite à pied, VTT, scooter, tuk-tuk familiale des rizières magnifiques dans un cadre vallonné superbe et intact.
    Dans ton article tu parle de nénuphars.
    C’est en fait du Lotus 😉
    Amitié
    Rico

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