Tourisme équitable et solidaire

 

Définition

Tourisme équitable et solidaire

« Le tourisme solidaire regroupe les formes de tourisme alternatif dans une logique de développement des territoires. L’implication des populations locales dans les différentes phases du projet touristique, le respect de la personne, des cultures et de la nature, et une répartition plus équitable des ressources générées sont les fondements de ce type de tourisme »*

*Définition donnée l’Association pour le tourisme équitable et solidaire

Concrètement, qu’est-ce-que c’est ?

L’idée, c’est de reverser une partie des bénéfices ou une participation financière par voyageur pour le développement de projet utiles à toute la communauté visitée. Il s’agit donc de créer un lien de solidarité entre les voyageurs et les populations, en contribuant à l’amélioration des conditions de vie. Mais attention, même si parfois le touriste peut décider de mettre la main à la pâte en participant, par exemple, à la construction d’un puits, le tourisme solidaire est tout, sauf de l’humanitaire. Pour le voyageur, cela signifie partir en vacances en évitant les grandes chaînes hôtelières et en allant au plus proche des populations afin d’apporter un soutien financier direct à ces dernières, mais il ne s’agit pas de donner une réponse à des situations d’urgence, de famine, ou de catastrophes naturelles. La frontière entre tourisme équitable et tourisme solidaire est vraiment très mince… C’est pourquoi l’Association pour le tourisme équitable et solidaire a été créée en 2005 en intégrant les deux notions dans son nom.

 

Quelques conseils avant de se lancer

« À partir du moment où l’on prétend au voyage, on s’inscrit comme citoyen de la planète, et il est donc évident que l’on doit contribuer à un élan de solidarité ». Ce bon vieux Nicolas Hulot n’a pas tort, mais concrètement, si faire preuve de solidarité nécessite une certaine expérience pour déjouer les « faussaires », tout commence par quelques réflexes assez simples. En voici quelques-uns :

 

  • Se renseigner en amont sur son voyage. La prise de connaissance des us et coutumes du pays visité permet d’éviter les mauvaises surprises mais aussi des craintes infondées. Cela facilite le dialogue et permet une compréhension plus rapide des « codes » de vie des populations. Elle aide aussi à identifier ce qui relève de la folklorisation (touaregs à chaque coin de rue au Maroc, femmes girafes en Thaïlande, les chasseurs de têtes à Bornéo… et Jean passe, salut Jean !) plutôt que de pratiques culturelles réelles, des façons de vivre au quotidien…
  • Privilégiez des infrastructures impliquant les populations locales. En limitant les intermédiaires étrangers, on s’assure souvent d’une répartition plus équitable des ressources générées par le tourisme. Mais attention, le tourisme ne doit pas être une mono-activité, mais un complément de revenu. Voyager chez l’habitant doit s’inscrire dans cette même réflexion. Il en va de même pour le choix de son alimentation, de ses restaurants, de ses vêtements, etc. Utilisez des matières premières propres aux contrées visitées et ne les gaspillez pas, surtout quand elles font cruellement défaut aux populations autochtones. En règle générale favorisez plutôt l’artisanat local fait main. Mais ça, je vous fais confiance !

 

tourisme-equitable-et-solidaire1

 

  • Connaître quelques mots de la langue locale a toujours un effet positif. Quand je suis en voyage, je ne peux m’empêcher de baragouiner quelques mots dans la langue du pays, même si en règle générale, la réponse reste plus que floue ! Il suffit d’écrire sur un bout de papier, les quatre mots magiques : Bonjour, Aure voir, Merci (beaucoup) et S’il vous plait. Cela permet d’établir d’emblée un contact avec les habitants, et automatiquement un climat jovial et détendu. Je vous ai concocté quelques lexiques que vous trouverez dans la rubrique Blog.
  • Même si cela est une évidence pour certains, je me permets de préciser qu’il est toujours préférable de ne pas exposer de manière ostentatoire ses richesses. Deux raisons : cela vous ferait certainement de la peine de perdre ou vraiment manque de bol de vous faire voler un objet précieux à vos yeux. Cela peut aussi provoquer de l’envie, de la jalousie et peut malheureusement parfois tronquer les relations. Objets de valeurs ou précieux : à la maison ou dans le sac…
  • En fonction de votre destination, il n’est pas inutile de se renseigner sur le droit du travail. Posez-vous deux questions : Si vous passez par une agence, les législations en vigueur dans le pays récepteur, mais aussi en France, sont-elles respectées ? Existe-t-il un lien direct entre l’accompagnateur et le tour opérateur qui vend le voyage, ou ce lien est-il dilué dans les méandres de la sous-traitance ? D’autre part, tout voyagiste solidaire se doit de faire connaître au voyageur l’exacte répartition du coût du voyage qu’il achète, transparence oblige.
  • « Soyons réalistes, demandons l’impossible » J’affectionne cette citation du Che, mais quand on part « à l’aventure » mieux vaut ne pas demander l’impossible. En somme, ne pas exiger un confort inadapté au lieu d’accueil. Si vous partez une semaine en Mauritanie, ne vous imaginez pas dormir au frais et jouir d’une salle de bain… Si c’était le cas, vous ne pensez pas que cela irait au détriment de l’échange ? Un matelas dur et une douche froide n’ont jamais tué personne !
  • Estimez la valeur des choses. Au delà d’un simple regard, observez, levez les yeux, souriez, toucher, expérimentez ! Cela n’a pas de valeur marchande, mais participe à des échanges enrichissants entre visiteur et accueillant.
  • Enfin, dernière chose : Sachez prendre votre temps. Mieux vaut éviter les listes exhaustives d’endroits où vous voulez aller… vous n’en serez que plus déçus. Il est toujours bon d’avoir des idées d’itinéraires mais n’essayez pas de tout voir, tout faire mais au contraire appréciez chaque lieu et expérience.

 

tourisme-equitable-et-solidaire2

 

A qui s’adresser ?

En matière de tourisme solidaire comme dans tout type de tourisme alternatif, c’est la jungle dès qu’il s’agit d’identifier le bon interlocuteur. Et pas seulement pour le néophyte ! Dans toutes les enquêtes d’opinion, l’argument qui freine les bonnes intentions est toujours le même : à qui faire confiance ? Voyagistes plus ou moins vertueux, communautés ou sites d’accueil plus ou moins transparents, terminologies utilisées à tort et à travers, le tourisme solidaire est autant victime que le commerce équitable ou l’agriculture biologique de « contrefaçons ». Et pourtant, les acteurs du tourisme solidaire sont aujourd’hui de plus en plus clairement identifiés.

 

  • logo_ates
L’ATES fédère une vingtaine d’associations qui proposent des voyages solidaires dans près d’une cinquantaine de pays. Sélectionnées sur la base d’une grille de critères éthiques rigoureux, elles travaillent toutes selon une même démarche qui favorise le développement local des régions d’accueil, et toujours dans le cadre d’un partenariat équilibré avec les populations locales (une somme qui correspond à un minimum de 5 % du prix du voyage est également allouée à un fonds de développement). Dans tous les cas, la découverte d’une région et du mode de vie de ses habitants restent le motif premier du séjour.

 

  • EchoWay_LogoÀ l’inverse du précédant, cette association s’adresse aux voyageurs individuels qui cherchent au cours d’un voyage un lieu où poser leur sac à dos et prendre le temps d’appréhender le pays dans lequel ils sont. Par l’entremise de voyageurs solidaires chapeautés par une équipe de professionnels du tourisme, sociologues, anthropologues, Echoway recense ainsi des sites expertisés selon des critères économiques, sociaux et environnementaux rigoureux. Ces lieux d’accueil, bien souvent d’hébergement, souffrent pour la plupart du manque de moyens pour promouvoir leur activité à l’étranger. Au travers de son site internet, l’association offre ainsi une visibilité unique à plus de 150 communautés ou initiatives solidaires à travers le monde, avec descriptifs et photos à l’appui.

 

  • Voyager Autrement 
: Cette agence propose d’aller à la rencontre de ceux qui œuvrent pour le développement de leur pays (associations locales, ONG, enseignants, médecins, etc.), avec un grand nombre de destinations à son actif en Afrique, Asie et Amérique latine. Il est ici question de partage d’expérience, de sensibilisation aux projets d’économies alternatives, objectifs couplés à la découverte plus classique d’un pays et de son patrimoine. Les prestataires locaux sont privilégiés, de l’hébergement au transport aérien, et les voyages se font en petits groupes de 10 à 20 personnes maximum. Enfin, cette agence reverse, en fonction de son chiffre d’affaires, une somme annuelle de 6 000 à 9 000 € aux associations qui accueillent les voyageurs.

 

Un tourisme plus juste

Qu’on se le dise, dans « tourisme solidaire », il y a d’abord « tourisme ». Le plaisir de voyager reste le premier moteur du routard solidaire. Ce qui change ? La finalité du voyage. À l’hédonisme primaire ou aux comportements grégaires se substituent l’échange, la rencontre et le souci d’une économie plus juste. Car la première vocation du tourisme solidaire est de rompre avec un système qui perpétue les inégalités Nord-Sud. Selon les pays d’accueil, il est estimé que plus de 80 % des recettes touristiques reviennent au final aux industries du Nord. Pour la main d’œuvre locale, l’amélioration des conditions de travail, l’entretien des réseaux routiers, des sites touristiques même, l’accès aux énergies, à l’eau etc., la cagnotte s’avère bien maigre comparée à la gestion de nombreux complexes hôteliers formatés et de transporteurs aériens aux prix cassés. Pire, à côté d’hôtels de luxe, combien de quartiers déshérités où s’agglutinent une population à la santé et à l’hygiène déplorable, combien d’expropriations… Alors pourquoi continuer à voyager, découvrir la beauté des paysages du monde, goûter à la variété des cultures, des arts, de la gastronomie sans faire preuve d’un peu d’équité ? Par méconnaissance ? Par trop d’à priori ? Le tourisme solidaire ne consiste pas à dormir sur des planches en bois dans des huttes au toit percé infestées de moustiques ! Le confort peut parfois même être meilleur en raison de l’attention portée par les hôtes, investis pleinement dans le projet touristique.

 

tourisme-equitable-et-solidaire3

 

Des alternatives multiples…

En clair, il y a autant de façons de vivre un voyage solidaire qu’un séjour plus classique. Randonnée/trekking, voyage itinérant, culturel, découverte, dans des éco-lodges, chez l’habitant, en pleine nature, séjour thématique (festival, musique, sport). Certains s’adressent en particulier à des randonneurs, d’autres à des familles et enfants, d’autres encore aux amateurs de sites culturels. Voyager solidaire n’est pas forcément un acte militant ni une mission à caractère humanitaire, mais une envie simple d’aller dans le vrai. Ou du moins d’y tendre. C’est pourquoi chaque voyage solidaire, individuel ou non, nécessite une préparation, une connaissance de la région d’accueil, des us et coutumes des populations, qui ne donnera pas l’impression aux habitants que le voyageur est une tirelire ambulante. On connaît l’engrenage dans lequel cela conduit (mendicité à outrance, rejet, folklorisation).

 

… à un prix abordable

Cette façon de voyager ne coûte pas plus cher qu’un séjour classique. Le but des associations de voyages solidaires concernées n’est pas de dégager des bénéfices record, des résultats de croissance à deux chiffres, en jouant sur la variable salariale. Il consiste à rémunérer de façon plus juste les acteurs de toute la chaîne du voyage et d’allouer une partie de leur chiffre d’affaires à un fonds de développement. Pour le voyageur individuel qui ne veut pas d’intermédiaire, il s’agit simplement de concevoir la prestation comme une plus-value. Celle de la découverte de la réalité de la vie des populations, de l’environnement naturel et des sites par ceux qui les connaissent le mieux, de la gastronomie par ceux qui la pratiquent au jour le jour. Et même si les mauvaises surprises existent, ne font-elles pas aussi l’histoire inoubliable d’un voyage ?!