Le WWOOFing

 

Il y a ceux à qui on dit « wwoof » et qui répondent « Ah oui ? Où ça ?! » et ceux qui vous regardent avec des yeux grands comme des soucoupes en se demandant si on joue le remake de Didier.

Si vous faites partie des seconds pas de panique, je vais vous expliquer en quoi cela consiste et vous livrer mon expérience en tant que wwoofer en Irlande.

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Petit historique du wwoofing

 

Le WWOOF , World-Wide Opportunities on Organic Farms, est un réseau mondial de fermes bio créées en Angleterre au début des années 70 qui se proposent d’accueillir toute personne souhaitant partager leur quotidien et leurs travaux en l’échange du gîte et du couvert.

 

Petite anecdote : à l’origine, l’acronyme WWOF ne comportait qu’un seul « O », signifiant alors Working Weekends on Organic Farms (week-ends de travail dans des fermes bios). Mais à l’automne 1971, la secrétaire londonienne Sue Coppard, a voulu offrir la possibilité à nos voisins anglais de découvrir la campagne tout en soutenant l’agriculture biologique. Les premières expériences de wwofs ont ainsi débutées sous la forme de week-ends d’essai pour des groupes de quatre personnes à la ferme bio-dynamique d’Emerson College dans le Sussex.

 

Le mouvement prit peu à peu de l’ampleur, les bénévoles commencèrent à travailler sur de plus longues périodes, et le nom changea à nouveau pour devenir Willing Workers on Organic Farms (travailleurs volontaires dans des fermes bios). Mais le nom posa alors problème du fait que le terme travailleurs pouvait aussi désigner un travailleur rémunéré et que le droit du travail de certains pays peuvent être pointilleux sur la question. En 2000, le terme changea une dernière fois, devenant World-Wide Opportunities on Organic Farms, ce qui se traduit en français par « opportunités dans des fermes bio du monde entier »

 

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En quoi ça consiste au juste ?

Le wwoofing est avant tout un moyen de se loger et de manger chez l’habitant en échange de quelques heures de travaux quotidiens (entre 3 h et 5 h/jour en moyenne). Les tâches demandées peuvent être très diverses. Le plus souvent, il s’agit de travaux de culture (semis, plantations, arrosage, récolte…), de jardinage (désherbage, débroussaillage, entretien…), ou bien de construction (maçonnerie, charpenterie, peinture…). Il est également possible de devoir s’occuper d’animaux (poules, lapins, cochons, vaches, chevaux…) ou même d’enfants, à la manière d’un échange au pair.

 

La diversité des tâches est très appréciable, cela évite parfois un travail trop rébarbatif. Il faut d’autre part garder en tête que les hôtes ne sont pas à la recherche d’ouvriers qualifiés, simplement des personnes volontaires et motivées qui souhaitent apprendre. Ceci étant dit, si vous êtes un as de la culture de petits pois ou un spécialiste de la charpente, cela peut être intéressant de le préciser…

 

Quelques gouttes de sueur contre un hébergement

En échange de quelques heures de votre temps et quelques goutes de sueur, vous serez nourris-logés-blanchis par votre hôte. Vous pourrez être logé dans une chambre de la maison, ou bénéficier d’un logement indépendant. Cela peut être une petite maison, un appartement, un bungalow, une caravane, une yourte, une cabane dans les arbres ou encore un wagon de train (oui oui ça existe) ! En tous cas pas d’inquiétude, les nuits à la belle étoile c’est uniquement si vous le souhaitez… Niveau confort vous aurez bien entendu accès à une salle de bain et à une machine à laver. Enfin, en fonction de votre hôte vous disposerez de la télévision, une connexion internet, un billard, une piscine, un sauna… Tout est possible, ça dépend où on tombe !

 

Vous imaginez bien qu’après 4 heures de travail les mains dans la terre, vous aurez probablement un appétit d’enfer ! Aucune inquiétude, votre hôte vous assure un couvert matin, midi et soir. Le plus souvent, vous partagerez le repas avec la famille, une excellente occasion de nouer le contact et d’apprendre un peu plus de chacun. Si vos hôtes ne sont pas très portés sur les repas en commun, ils vous diront peut être de faire comme chez vous et d’ouvrir le frigo. Néanmoins, il est d’usage de leur confier une liste de courses qu’ils régleront pour vous, et ensuite, à vous les fourneaux !

 

 

 Où wwoofer ?

Il est aujourd’hui possible de partir en wwoofing dans plus de 100 pays à travers le monde.

 

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Cela s’avère être une solution économique et originale de voyager ; un moyen idéal de se retrouver en immersion, parler la langue locale et surtout de faire la connaissance de nouvelles personnes. N’étant pas soumis à aucun contrat, il est possible de partir deux semaines dans une ferme, puis un mois dans une autre. Néanmoins, peu d’hôtes acceptent des wwoofers pour une durée inférieure à deux semaines, et cela se comprend ; une courte durée ne permet pas de mettre en application les techniques acquises, et de faire suffisamment connaissance avec les personnes. Voici donc par ordre alphabétique, une liste non exhaustive (116 ça faisait beaucoup !) des pays dans lesquels vous pouvez wwoofer. Vous pouvez également vous rendre sur le site wwoofinternational.org pour consulter la liste complète.

 

 

 

Comment wwoofer ?

Si vous êtes intéressé(e) par le wwoofing, je vais vous expliquer la démarche que j’ai suivi, et qui m’a mené jusqu’en Irlande…

 

Étape n°1 : choisir sa destination

WwoofingPour expérimenter le wwoofing, il faut avant tout choisir le pays dans lequel on souhaite aller. Ceci est dû en grande partie à une contrainte technique. En effet, si vous souhaitez consulter la liste complète des hôtes dans un pays, il vous faudra débourser une somme afin de vous inscrire… C’est pourquoi un choix s’impose. Plusieurs facteurs peuvent rentrer en compte. La langue est selon moi le plus important d’entre eux. Ayez en tête que vous allez vivre au quotidien avec une famille, et devoir échanger avec elle. Vous devrez obéir à des consignes, partager des repas, établir le contact. Il est donc nécessaire d’avoir au minimum quelques bases linguistiques, et de choisir un pays, une culture avec laquelle on se sente à l’aise. Viennent ensuite la distance et le climat, mais ça c’est propre à chacun.

Dans mon cas, j’ai choisi l’Irlande car je voulais aller dans un pays anglophone et pas trop loin de la France, question de budget. Je me suis rendue sur le site officiel du wwoofing en Irlande, mais pour avoir accès à la liste complète des hôtes, j’ai du souscrire à hauteur de 20 euros pour une inscription valable un an. Une fois mon compte activé, j’ai pu découvrir en fonction de leur situation géographique, les différentes familles se proposant d’accueillir un wwoofer.

 

A vous de faire le premier pas

Une fois que vous avez repéré un hôte susceptible de vous intéresser, vous devez directement entrer en contact avec lui, via l’envoi d’un mail ou d’un coup de téléphone. Cette personne vous dit si elle est disponible aux dates souhaitées, puis un accord écrit est passé entre le wwoofer et son hôte… et c’est tout. Il n’y a pas de contrat, vous n’avez pas à imposer votre signature sur quelconque document, n’oubliez jamais que le wwoofing n’est pas un travail !

Après diverses recherches, j’ai échangé avec environ une dizaine de familles (toutes m’ont répondu assez rapidement), puis mon choix s’est finalement porté sur une famille vivant dans la région de Cork.

 

Quelques exemples de questions à poser

 

  • Combien de wwoofers sont accueillis en même temps ?
  • Comment sont organisées les journées ?
  • Quelles tâches sont les plus demandées ?
  • Quelles infrastructures trouverez-vous sur place ?
  • Y a-t-il des enfants ?
  • Quels sont les moyens de transport à disposition ?

Pour le reste, cela dépendra de vos attente personnelles.
Vous retrouverez d’autres conseils applicables au wwoofing, sur la page dédiée au HelpX.

 

 

Mon expérience en tant que wwoofer

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Arrivée dans une famille pas comme les autres

Après un mois passé à découvrir Dublin, je suis arrivée un après midi d’avril à Castlepook, lieu dit à quelques kilomètres de Doneraile, elle même à à quelques miles de Mallow, elle même à quelques kilomiles de Cork. En somme, je suis arrivée dans un cul de sac irlandais.

J’ai été accueillie par un couple de trentenaire avec deux enfants, vivant à quelques mètres des parents, frères et sœurs. Une grande famille qui voyagea pendant des années en roulotte sur les routes irlandaises, une véritable famille de Gypsy qui s’est installée à cet endroit il y a une vingtaine d’années. Tom, mon hôte a réalisé deux de ses rêves, avoir un studio d’enregistrement, ainsi qu’un terrain de motocross. Quant à Kathie, sa femme, elle dispose de son studio de photo.

J’ai vécu deux mois dans une petite maison attenante qu’ils appelaient le « den », une grande pièce à vivre avec une cuisine, une salle de bain, et une mezzanine où se trouve la chambre.

 

 

Les tâches effectuées

Concernant la vie animale, Tom et Kathie possédaient lors de mon séjour des lapins (non domestiques et très comestibles), ainsi qu’un cheptel de poules. Je m’occupais donc de les nourrir et de la récolte des œufs de temps en temps. Ils ont eu également par le passé des cochons ou encore des chèvres.

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La vie végétale me prit à vrai dire beaucoup plus de temps… Sur le terrain étaient réparties des zones de culture en extérieur et en intérieur dans une serre. Je me suis chargée de planter un tas de petites graines qui sont devenues de bons légumes. Pas toujours facile avec les noms en anglais, j’ai regretté ne pas avoir apprit ma leçon de 6e… Cauliflower, cabbage, turnip, marrow, leek, sans parler des outils.

 

J’ai également passé une partie du temps avec les enfants du couple. A l’époque une petite fille de 3 ans et son petit frère de 1 an. Je partais régulièrement avec le bébé en balade dans les chemins pédestres bordant le hameau. Un beau relief peuplé à perte de vue de pins et ou coulent de magnifiques rivières.

 

Journée type

9h00 – 10h : Ménage dans la maison

10h – 12h : Jeux / promenade avec les enfants

12h – 14h : Pause déjeuner

14h -17h : Entretien du potager

 

Mon avis sur cette expérience

Cette expérience de wwoofing en Irlande a clairement répondu à mes attentes de départ, qui étaient de séjourner en immersion totale dans un pays, et ce, à moindre cout. Même si bien sûr, il est toujours aussi facile de dépenser (le week end tout est permis!), le wwoofing offre un logement et des repas contre vos bras ! En deux mois de séjour, j’ai eu le temps de lien des liens forts, notamment avec Lija, celui qui va m’accompagner dans cette aventure au bout du monde… L’Irlande est aujourd’hui un pays qui m’est cher, j’affectionne ces magnifiques paysages mais surtout l’hospitalité et la gentillesse de ses habitants. Si vous n’y êtes encore jamais allé, je vous le conseille plus que vivement, mais ne restez pas qu’à Dublin, prenez le temps de descendre jusque dans la région de Cork, cela vaut vraiment le détour !

 

Si vous voulez en savoir un peu plus sur mon quotidien de wwoofeuse… C’est juste ici !

 

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